Mercredi matin, j’ai passé des examens médicaux en vue
d’obtenir ma carte de séjour temporaire. J’étais avec Ezia, l’Italienne que
j’ai rencontrée à mon séminaire d’arrivée. Nous avions rendez-vous à 7h45 avec
une coordinatrice de notre structure d’accueil devant une clinique. Il fallait
en effet arriver à cette heure pour n’avoir pas à devoir attendre des
heures : il n’y a pas de convocation, on vient quand on peut.
Le panneau à l'entrée du centre médical pour les immigrés et ceux qui veulent émigrer.
La clinique ne ressemblait pas à une clinique comme chez
nous. Elle est dans des bâtiments assez vieux, les couloirs étaient déserts, ce
qui donnait une impression assez glauque ! Nous somme arrivées en avance,
il n’y avait encore personne. Nous avons attendu un peu, puis sommes entrées
dans un bureau où la personne en charge de l’accueil des migrants (c’est un
bureau spécial pour les personnes étrangères qui veulent rester sur le
territoire moldave et obtenir une carte de séjour temporaire, et les Moldaves
qui veulent partir à l’étranger : pour les deux catégories, il y a besoin
d’examens médicaux) a pris nos passeports et rempli de la paperasse. Après ça,
elle nous a dit de nous adresser à un autre endroit, pour… une prise de
sang ! youpi ! Ce qui est assez étonnant ici, c’est qu’on frappe à
une porte, et on entre sans attendre de réponse. Le personnel soignant ne vient
pas nous chercher, c’est nous qui allons à eux. La prise de sang a heureusement
été rapide. Nous avons ensuite dû monter à un autre étage, frapper à une
nouvelle porte, pour faire de nouveau un test sanguin, cette fois en nous
piquant le doigt (un peu comme les personnes diabétiques). La première prise de
sang servait à voir si on n’a pas l’hépatite, celle-ci à déterminer notre
groupe sanguin. Par contre, cette piqûre n’est pas agréable et fait mal !
Beurk ! Une fois le doigt piqué, la femme a pressé mon doigt pour que des
gouttes de sang s’écoulent : elle avait une sorte de palette où elle a mis
plusieurs gouttes de sang. Ensuite, elle a pris des fioles contenant des
solutions chimiques (je me croyais vraiment en cours de chimie !) et a
fait des mélanges pour déterminer le groupe sanguin. Assez cocasse ! Je
suis donc A+.
Nous avons de nouveau changé d’étage, cette fois pour faire
une radio des poumons. Comme il n’y a pas de rendez-vous, c’est la première
personne qui arrive qui passe. Sauf qu’évidemment ce n’est pas toujours
efficace, et certains nous sont passés devant.
Ensuite, nous sommes redescendues au bureau de l’accueil
pour faire signer les papiers (le personnel soignant remplit une partie à
chaque fois qu’il y a un examen). Nous sommes ensuite allées dans un autre
bâtiment pour rencontrer une gynécologue afin de savoir si nous n’avions pas de
problèmes ou si nous n’étions pas enceinte ! Il suffit de répondre
« non » et c’est bon !
Nous sommes ensuite retournées au bureau de l’accueil pour
faire signer les papiers. Voilà pour les examens médicaux de cette journée. Ça
a duré environ 1h30, ce qui est court. D’habitude il y a beaucoup d’attente.
Mais ce n’est pas fini : le lendemain, nous devons encore voir deux
médecins !
Ensuite, je suis allée à mon travail. J’avais échangé par
email avec Irina, ma coordinatrice du centre, pour voir quand je pourrai
revenir. Je suis restée un peu sur l’ordinateur à faire des recherches quand
elle était en réunion. Ensuite, nous devions aller dans un cinéma où à partir
du lendemain il y avait un festival du documentaire. Le jeudi, pour la première
il y avait « New walls » un film sur les femmes réfugiées en Europe
de l’Est, la diffusion était donc en partenariat avec mon centre. Nous devions
donc installer une exposition de photos dans le hall du cinéma.
Je suis ensuite allée manger dans un restaurant avec elle.
Elle parle très bien Français, et d’autres langues, c’est étonnant ! Elle
ne l’a appris que pendant 1 an et elle a un niveau très élevé. Moi, avec mes 6
ans de Russe, je suis encore loin de son niveau… ! Nous avons parlé de ce
qu’elle a fait avant de travailler dans le centre pour réfugiés (elle y
travaille depuis 2 mois). Je lui ai posé beaucoup de questions sur la Moldavie,
sur le salaire moyen, sur la corruption, notamment dans le système
universitaire. En fait, c’est très répandu d’offrir un cadeau (ou de l’argent)
à son professeur pour qu’il soit indulgent lors de la correction des examens. En
gros, quasiment tous les étudiants ont leur diplôme, qu’ils soient sérieux ou
pas. Je lui ai donc demandé comment ça se passait pour les médecins. Elle m’a
dit qu’on ne sait pas sur qui on va tomber ! on peut très bien tomber sur
quelqu’un de très compétent ou quelqu’un qui n’a pas les compétences médicales
nécessaires. Ca fait assez peur, surtout en repensant à mes examens médicaux du
matin !
L’après-midi, nous sommes retournées au centre. J’ai
rencontré un bénéficiaire avec qui j’ai discuté, c’était sympa. Sinon, je n’ai
pas fait grand-chose. Nous avons préparé les évènements de la semaine : le
vendredi il y a la journée des enfants (c’est le dernier jour d’école et ici en
Moldavie, c’est très festif) au zoo de Chisinau. Nous avons donc découpé les tickets
d’entrée, et les tickets pour avoir une boisson, une glace, etc.
Passionnant !
Le soir, j’ai retrouvé trois copines volontaires, et nous
sommes allées manger et boire dans un restaurant. J’ai ensuite retrouvé ma
coloc belge, qui partait deux jours après, et qui voulait boire un dernier pot
avec deux autres volontaires.
Le lendemain matin, je retourne donc à la clinique pour de
nouveaux examens, si on peut les appeler comme ça ! Nous avons vu deux
médecins, une qui nous a pris la tension et nous a posé des questions sur notre
état de santé. Notre coordinatrice était là pour traduire : mon niveau de
Roumain n’est pas encore assez développé ! Elle a rempli de la paperasse
pour dire « état de santé satisfaisant » ou quelque chose comme ça.
Avec l’autre médecin, qui semblait être infectionniste (c’était écrit sur la
porte), c’était vraiment ridicule : en gros, il demande si au niveau
santé, tout va bien. Il a même dit « vous êtes jolie et en bonne santé,
donc tout va bien ! » Il n’a pas posé de questions précises.
Bref !
Nous redescendons au bureau de l’accueil pour faire signer
nos papiers. Malheureusement, l’officiel de la clinique qui est sensé signer
nos papiers n’est pas disponible avant deux heures, nous devons repasser plus
tard.
Deux heures plus tard, nos papiers sont signés, nous les
signons aussi, et voilà, c’est fini ! Plus qu’à attendre notre carte de
séjour : d’ici un mois environ. Ces examens médicaux sont parfois assez
risibles quand on y pense!
Après cela, je dois aller faire des photos d’identité pour
ma carte de séjour. Il n’y a pas de photomaton, il faut aller dans un magasin
appelé « optica ». Je fais mes photos, j’attends 5 minutes qu’ils les
développent, et à ma grande surprise, j’ai les cheveux roux sur la photo ! ;)
Le midi, je vais manger avec Ezia chez Annaëlle. Nous allons
ensuite à la projection du film sur les femmes réfugiées. C’était en anglais,
sous-titré en Roumain, donc pas de problèmes de compréhension (deux semaines
auparavant, j’étais allée voir des courts-métrages en Roumain, c’était
dur !). Le documentaire était vraiment intéressant.
A 19h, avec Annaëlle nous sommes allées à l’Alliance
Française : tous les mercredis soirs (exceptionnellement ce soir-là, c’était
jeudi), sont organisées des rencontres sur différents thèmes autour de la
langue française. Ce soir-là, une comédienne française à Chisinau pour quelques
jours animait un atelier sur la commedia dell’arte. Nous étions une vingtaine,
dont beaucoup de jeunes. C’est super de les voir parler Français, je suis
admirative ! Nous avons fait des exercices théâtraux avec les masques de
la commedia dell’arte. Certains ont fait de réelles performances, c’était
bluffant ! sans avoir pratiqué le théâtre… Ils sont géniaux les gens ici !
Après ça, nous avons passé la soirée avec deux autres
Français dans un restaurant-bar, où nous avons eu de délicieuses crêpes !
Vendredi matin, je devais donc retrouver les gens de ma
structure de travail au zoo. Nous étions les trois volontaires, des collègues
et des bénéficiaires du centre avec leurs enfants. Il y avait énormément de
groupes d’enfants ce jour-là, étant donné qu’on célébrait le jour des enfants. Une
scène était installée à l’entrée du zoo, où une animatrice expliquait la
journée, puis des enfants se sont succédé pour chanter, il y a eu un mime, etc.
Malheureusement, le temps n’était pas terrible ce jour-là, et il s’est
rapidement mis à pleuvoir.
Je pensais que lors de cette journée, j’aurai l’occasion de
faire connaissance avec les bénéficiaires, de discuter, mais finalement tout le
monde était un peu de son côté, et nous les volontaires nous sentions vraiment
inutiles. Nous étions chargées de prendre des photos, mais notre présence
n’était vraiment pas fondamentale, nous nous sommes beaucoup ennuyées !
j’ai beaucoup parlé avec elles, et ça n’a rien de nouveau : il y a
rarement des évènements au centre, et quand il y en a, ce n’est pas bien passionnant !
Bref.
A un moment, l’orage a éclaté et il a plu des trombes d’eau.
Tout le monde s’est réfugié sous les arbres. Au bout de 10 minutes, il s’est
arrêté de pleuvoir, nous avons poursuivi notre tour de notre côté. Nous avions
vraiment envie de rentrer. Enfin, nous nous dirigeons vers la sortie avec
certains bénéficiaires. Ils s’est remis à pleuvoir à verse, mais quand il pleut
comme ça en Moldavie, les rues sont rapidement inondées, c’est
impressionnant ! Nous avons pris un minibus avec tout le monde, puis nous
sommes rentrées chez nous. Il ne pleuvait plus, le temps est très changeant.
Le soir, avec Annaëlle, nous avions un repas avec un
Québécois qu’elle avait rencontré à l’agence pour la francophonie. Elle lui
avait expliqué que nous étions à la recherche d’autres projets, et il nous
avait proposé ce repas pour nous donner des contacts et rencontrer les deux
femmes qui travaillent à cette agence, et qui cherchent des personnes pour les
aider. C’était très intéressant, ça m’a reboostée au niveau de mon travail ici.
Les missions que nous pourrions avoir au sein de cette agence restent floues,
mais nous avons convenu de les rencontrer de nouveau la semaine prochaine pour
en parler.
La soirée s’est poursuivie avec les volontaires avec un
concert de reggae dans un lieu alternatif, puis les bars habituels.
Samedi, un volontaire français de Comrat que nous avions
rencontré au séminaire d’arrivée, est venu passer le week-end à Chisinau.
Quelques balades, et le soir, il y avait un concert de ska en plein air. Nous
avons donc rejoint les autres volontaires. Comme nous avions tous les deux
faim, nous sommes allés manger un bout au restaurant-bar juste en face (où ils
font des crêpes délicieuses !). Alors que nous parlions en Français depuis
un bon moment, un homme de la table d’à côté nous a dit « vous parlez
Français ? » Nous, tout étonnés, entamons la discussion avec lui et
les deux autres à sa table. Ce qui aurait pu être une banale conversation sans
suite, est devenu une discussion super intéressante et un super souvenir !
Un des autres parlait un Français irréprochable, avec un léger accent belge car
il travaille en Belgique depuis plusieurs années. C’est fou le nombre de
Moldaves qu’on peut croiser et qui parlent le Français ! (ça me fait d’ailleurs penser à une femme que
j’ai rencontrée au zoo, je lui avais proposé de l’aider à descendre sa
poussette dans les escaliers, et nous avons entamé la discussion, et elle
parlait Français car elle est enseignante à l’université dans les relations
internationales. Du coup, elle a pris mon numéro pour voir si je peux
intervenir avec ses étudiants. Bref, génial quoi ! le hasard des
rencontres !) Et cette conversation était tellement passionnante :
nous avons parlé de l’état politique et économique de la Moldavie, de la
corruption, du niveau de vie des Moldaves, de l’Ukraine, de la dictature en
Biélorussie (pour lui, c’est un pays qui a énormément changé en positif, mais
les médias nous montrent une image très négative et fermée. Il nous a vraiment
conseillé d’aller visiter la Biélorussie pour nous faire notre propre idée de
la situation là-bas), de l’état d’esprit des Moldaves sur des questions comme l’homosexualité,
etc. VRAIMENT GENIAL ! Il était super ouvert et enthousiaste pour nous
faire partager ses idées et connaissances. Il nous a dit qu’on avait le pouvoir
de changer un peu les choses en Moldavie, d’essayer de casser cette sorte de
pessimisme qui veut que les choses sont comme elles sont et qu’on ne peut rien
y faire, par rapport à la corruption. D’essayer de faire des étincelles en
apportant notre touche et nos idées françaises. Bref, cette soirée restera
gravée dans ma mémoire.
Dimanche, nous avons visité Chisinau. Nous sommes allées
dans la Cathédrale, je n’étais encore jamais entrée dedans : je n’ai pas
été déçue ! De l’extérieur, on n’imagine pas du tout cet intérieur :
Nous avons eu la chance de voir un mariage dans la tradition orthodoxe.
Nous avons poursuivi par un centre d’exposition de peintures
modernes. J’ai beaucoup aimé.
Voici des photos en vrac de Chisinau :
La statue Ştefan cel Mare, personnage historique en Moldavie - Etienne le Grand
Vue de Chisinau d'en haut d'un immeuble
Un monument soviétique devant l'hôtel Chisinau, d'architecture soviétique aussi
Un monastère aux dômes dorés
L'intérieur du monastère, avec détail très kitsch: "Hristos a inviat" écrit en néons colorés. Ca signifie "Le Christ est vivant"
La semaine qui vient s'annonce toute aussi remplie, avec un peu de travail au centre pour la préparation de la journée des réfugiés le 20 juin, un cours de zumba, un nouvel atelier à l'Alliance Française, une rencontre à la Maison des Savoirs de Chisinau (le centre sur la francophonie) pour voir comment on peut aider, des balades et découvertes de la ville, etc. A bientôt pour les futures nouvelles!
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